Alors que les pays africains ont mis en œuvre divers programmes d’enseignement à distance pendant la pandémie, il est urgent d’innover en matière de financement pour garantir à tous les enfants et les jeunes d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour s’épanouir.
La crise de la COVID-19 met en lumière la fragilité des systèmes éducatifs africains. Plus de 250 millions d’élèves à travers le continent ne peuvent toujours pas aller en classe, alors que les gouvernements rouvrent progressivement les écoles et lèvent les mesures de confinement dues à la COVID-19.
Pour faire face à cette situation, plusieurs pays ont innové afin de garantir la continuité de l’apprentissage. Le Kenya (en anglais), l’Ethiopie (en anglais) et le Ghana (en anglais) procèdent par des émissions de télévision et de radio, tandis que le Rwanda (en anglais), la Côte d’Ivoire et le Nigéria (en anglais) utilisent des contenus disponibles sur Internet avec le soutien du secteur privé.
Leçon de mathématiques à la télévision éthiopienne BAD
La chaîne EDU du Kenya annonçant le programme des cours du matin pour les élèves BAD
Malgré ces efforts, la plupart des écoles publiques d’Afrique subsaharienne ne disposent pas des ressources nécessaires pour proposer un apprentissage en ligne. Près de 90 % des élèves n’ont pas d’ordinateurs à la maison et 82 % n’ont pas accès à Internet.
En outre, les filles sont confrontées d’immenses charges domestiques telles que cuisiner, nettoyer et garder les enfants. Cela compromet leur capacité à accéder aux solutions d’apprentissage à distance. Les écoles étant fermées et l’apprentissage interrompu, les filles sont également davantage vulnérables à la violence sexiste, aux mariages et aux grossesses précoces.
Une étude menée en Sierra Leone a démontré qu’un nombre plus élevé de grossesses d’adolescentes a été enregistré pendant la crise Ebola de 2014-2016, ce qui a entravé la capacité des filles à reprendre leurs études une fois la crise passée.
La pandémie de COVID-19 menace de réduire à néant les acquis obtenus en matière d’éducation des filles jusqu’ici, à moins que nous ne prenions des mesures adéquates pour garantir que l’égalité des genres soit au centre de la réponse du secteur de l’éducation et de la reprise.
Mettre le genre au centre des interventions dans le secteur de l’éducation et placer les investissements dans ce secteur au centre du plan de relance de l’Afrique sont importants pour la riposte immédiate et la reprise économique à long terme.
Un besoin urgent de financements innovants en faveur de l’éducation en Afrique
La pandémie a mis en évidence les insuffisances et inégalités des systèmes éducatifs et l’importance de déployer des technologies et des innovations, ainsi que des programmes scolaires adaptés à l’évolution rapide du monde du travail et aux défis de l’apprentissage.
La COVID-19 a également mis en évidence l’importance des investissements des secteurs public et privé dans les infrastructures numériques et de l’extension de ces installations à travers les pays pour atteindre les groupes vulnérables, afin que personne ne soit laissé de côté.
Il est grandement possible de faire un bond en avant. Mais, cela nécessite des ressources. Après la COVID-19, la mise à l’échelle des innovations en matière d’apprentissage nécessitera des partenariats de financement entre toutes les parties prenantes.
Selon l’Étude de faisabilité de la création du fonds africain pour l’éducation, 40 milliards de dollars US sont nécessaires chaque année pour combler le déficit de financement de l’éducation d’ici 2030.
La Banque africaine de développement est un partenaire solide pour le développement de l’éducation en Afrique.
En réponse directe à la COVID-19, le Conseil d’administration de la Banque a approuvé une enveloppe de 10 milliards de dollars US pour soutenir les efforts de redressement socio-économique de ses pays, avec l’éducation comme objectif principal.
Ce financement s’appuie sur le soutien de longue date de la Banque à l’éducation et au développement des compétences en Afrique, avec plus de 2 milliards de dollars US investis, qui ont bénéficié à plus de six millions de jeunes africains depuis 2005.
Au Rwanda, la Banque a financé le Centre régional d’excellence avec un montant de 12 millions de dollars US, qui propose des programmes de Master en informatique et en technologies de l’information et de la communication (TIC) en collaboration avec l’Université Carnegie Mellon.
Plus de 70 étudiants ont obtenu leur diplôme et sont dotés des compétences en TIC, dont 30 % de femmes, et presque tous ont un emploi à temps plein.
De tels investissements s’avèrent aujourd’hui importants pour faire face à la crise de la COVID-19 et renforcer la résilience face aux chocs futurs en élargissant la masse critique de compétences en TIC.
La Banque, en collaboration avec l’Union africaine, est en train de mettre en place un Fonds africain pour l’éducation (en anglais) de 300 millions de dollars visant à stimuler les investissements dans le capital humain de l’Afrique, principalement dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels, ou EFTP, ainsi que dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM), mobilisant les capitaux du secteur privé pour obtenir un impact à grande échelle.
Nous mettons aussi fortement l’accent sur le financement national et la complémentarité au sein de l’architecture financière mondiale, notamment en ce qui concerne les facilités de cofinancement et d’effet de levier propres au PME.
C’est l’une des raisons pour lesquelles le PME et le groupe de la Banque africaine de développement ont renforcé leurs relations, notamment avec l’Association pour le développement et l’éducation en Afrique (ADEA).
Une base factuelle pour renforcer la riposte, la reprise et la résilience
Un mécanisme de ciblage solide, étayé par des données analytiques relatives aux effets de la COVID-19 sur l’apprentissage, en particulier sur les filles, est nécessaire pour orienter le financement là où les besoins sont les plus grands.
La COVID-19 a plongé l’Afrique dans des temps incertains, mais l’Afrique reste un continent résilient. Les jeunes Africains sont quotidiennement confrontés à de nombreux défis qu’ils transforment en opportunités.
Nous devons nous engager à construire de meilleures institutions éducatives et infrastructures de formation professionnelle, en commençant par celles relevant du niveau de l’éducation de base pour les enfants, afin de fournir aux jeunes Africains les outils et les compétences nécessaires pour le 21e siècle.
Cela permettra aux économies africaines de disposer de bases plus robustes, plus solides et plus diversifiées pour mieux faire face aux chocs futurs, une base qui reposera sur un capital humain qualifié.
Les partenaires de développement, le secteur privé et les gouvernements africains doivent unir leurs forces pour mieux renforcer le secteur de l’éducation en Afrique, afin de résister aux pandémies actuelles et futures, et préparer les Africains au monde du travail d’aujourd’hui et de demain.
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Source : Partenariat mondial pour l’éducation